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St Avaugourd des Landes, clin d'oeil du destin

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Tout le monde se souvient de son premier amour, de son premier baiser. L'actrice Charlotte Valendrey a patienté quatre années avant que l'heureux élu daigne enfin le lui donner !!

Moi ce fut plus rapide ! Mais plus tardif. J'avais 19 ans.

Mes parents avaient décidé cet été-là de passer le mois d'Août dans le Haut-Doubs.

Je ne connaissais personne dans le Haut-Doubs, et j'étais prêt à parier à 100 contre un que j'allais m'ennuyer ferme dans ce coin de France, pourtant très joli, à un jet de pierre de la Suisse.

Je ne m'étais pas trompé, malgré le solex (d'occasion) que mon père m'avait payé pour mon bac, malgré la Suisse toute proche, les deux premières semaines furent pour moi très très mornes. Pour la première fois de ma vie, je n'attendais qu'une chose, le retour à Paris, la rentrée universitaire où j'allais côtoyer un monde nouveau - et mixte surtout ! - après les grises années lycéennes Louis-Le-Grandesques.

Le 16 août ce fut la fête au village, et j'y fis la connaissance d'une jeune fille, Brigitte. Elle était un peu plus jeune que moi, et on se plut tout de suite.

Ce fut sur la chanson "Gloria" que l'un et l'autre échangeâmes notre premier baiser... Sensation si étrange sur le moment qui vous laisse ensuite avec une envie irrésistible de recommencer !

Aux 15 premiers jours de mortel ennui succèdèrent alors 15 jours de rêve. Mais arriva ce foutu mois de septembre, celui qui brise les unions, et comme tant d'autres nous dûmes nous séparer, se promettant  - comme tout le monde - de nous revoir le plus tôt possible. Un mois après, très exactement, quand elle reviendrait de son mois de vacances avec ses parents, en Vendée département qu'elle préférait nettement à son pays de neige.

J'ai déjà raconté ici les exploits que j'avais déployé pour parvenir à mes fins, tandis qu'on s'envoyait de lettres d'amour dignes de la collection Harlequin.

Et le 8 octobre je revenais dans le village.

Mais elle n'était pas là. Ses parents l'avaient mise en pension, voyant d'un très mauvais oeil cette relation avec un "parisien"... Grâce à la fille de mes hôteliers, je parvins à la voir... quelques minutes à travers une grille de son lycée. Elle pleurait, moi aussi.

Néanmoins je n'abandonnai pas. C'est De Gaulle qui vint à mon secours !
Plus exactement sa mort, ce qui occasionna un jour de deuil national. Si bien que j'avais un week-end de trois jours.  Ce qu'il fallait à mes voisins horticulteurs pour aller chercher des chardons. Et où ça donc ?  Oui, dans le Haut-Doubs.

Je sautai sur l'occasion pour leur demander s'il y aurait une place pour moi, la réponse fut oui, à condition que ça ne me dérange pas d'être serré et de voyager à bord d'une voiture d'avant-guerre !
Bien entendu je n'avais pas prévenu Brigitte. Je voulais lui faire la surprise. D'autant, m'avait-elle dit, qu'elle serait parée de ses plus beaux atours car elle était de mariage ce dimanche 15 novembre.
 
Le jour J, alors que les cloches sonnaient (je frémis depuis en écoutant la chanson de Claude François) d'un pas hésitant je me dirigeai vers le cortège, dans lequel je vis ma Brigitte avec une belle robe et des fleurs dans les cheveux. Elle manqua de défaillir quand elle me vit, et me fit signe qu'on se verrait après.
 
 
 
Les minutes étaient longues, et quand enfin le cortège fut terminé, c'est non pas Brigitte que je vis, mais sa soeur.
Qui me dit "va-t'en, ma soeur ne veut pas te voir".
 
Le coeur arraché, je m'en allai vers ma pension où les amisq qui m'avaient logé faisaient ce qu'ils pouvaient pour me consoler. J'avais réussi à capter la BBC et écouter le hit anglais. Je m'en souviens encore, la numéro un était Freda Payne avec Band of gold !

Le lendemain, départ pour Paris, et durant le trajet, je n'avais qu'une obsession : qu'une voiture venant d'en face nous percute...
A Noël je lui envoyai une lettre, et par retour du courrier elle confirma qu'elle ne voulait plus me voir, en disant : "je ne veux pas m'engager si jeune."

Je mis très longtemps à "cicatriser", je ne sais même pas si voilà seulement 6 ans j'étais "guéri". Une noteécrite en octobre 2012 en atteste.

Le temps passa, chacun fit sa vie. Elle se maria, moi aussi. Et, pendant 30 ans, j'éviterai soigneusement ce petit village.
Ca me faisait mal. Les rares fois que j'avais à le traverser (il est situé sur une route internationale) c'était une véritable épreuve. S'ils avaient mis un radar, j'aurais eu mon permis de retiré depuis longtemps....

En 2002 j'étais très mal. Très très mal, et je sentais au fond de moi que j'avais atteint la fin de"mon voyage". Et je décidai alors de passer 8 jours là-bas. Juste avant de tirer ma révérence.
Mon ex et ma fille étaient contentes que j'accepte enfin de faire ce deuil. Sans trop savoir pourquoi. Pendant cette semaine, malgré un soleil radieux, je n'étais pas très bien, j'avais une drôle de sensation... Toujours cette satanée hyperintuition !

Et le dernier jour, le vendredi, sur l'insistance de "mes nanas" (qui certainement voulaient en finir avec cette histoire), je me décidai quand même à me rendre chez elle.
J'y trouvai alors une dame, qui me déclara être sa belle-soeur. A l'évocation de Brigitte, je vis son visage se fermer.

"Vous la connaissez" ?

Je répondis que j'avais été son premier amour.
Et là je vis son visage presque s'illuminer l'espace d'un instant puis elle m'avoua alors que Brigitte avait depuis longtemps quitté le village.

Qu'elle avait habité la Vendée, à quelques deux heures de voiture de chez moi à l'époque.

Et elle m'apprit aussi... qu'elle était morte du cancer deux ans auparavant.

 

En 2003, après une TS ratée, j'y passerai plein de fois, dans le petit cimetière de Saint Avaugourd des Landes, pour fleurir celle qui fut mon premier véritable amour. J'y ai déposé une plaque :"à mon amie". Cela par rapport à son mari et ses enfants, dont j'apprendrai plus tard qu'elle leur parlait de temps en temps de moi...

 

 



Mais l'histoire ne s'arrête pas là !

En 2012, après 5 années d'euphorie (2005/2009), j'étais de nouveau assez mal.
Les notes que j'écrivais sur mon blog à cette époque peuvent en attester.  Fort logiquement, avec une épouse que la maladie avait rendue machiavélique et une famille - à l'autre bout de la France - qui se souciait de moi comme une guigne, j'attendais - cette fois paisiblement - "que ça sonne".

C'est d'Internet que me viendra le salut. Au départ une adversaire - coriace - dans un quizz musical, cette femme de Bastia deviendra ma confidente, puis "un peu plus" au bout de quelques mois.
Problème : elle aussi était mariée ! Et la Corse n'est pas près du Doubs..
Et là encore, je ferai des pieds et des mains pour faire sa "véritable" connaissance (avril 2013), alors qu'elle et moi continuions d'être brimés, niés, massacrés par nos conjoints respectifs. Pour tenir elle s'était mise en mode grand-mère, et moi en mode hit-parades / généalogie.
Nous avions prévu de ne rien bousculer, et de se voir en catimini dans son Ile 5 jours tous les 6 mois (vacances de Pâques et de la Toussaint). Nous ne voulions pas faire de casse..
Mais son mari, qui l'espionnait autant que mon ex le faisait pour moi, découvrit la chose, et à partir de là, pendant trois semaines, la séquestra, la menaça, l'isola, l'obligeant même à se réfugier chez sa maman âgée de 92 ans.

Elle devait fuir. Mais où  ?
Moi je devais prendre mes responsabilités.
Et le 8 novembre au matin, j'annonçai à mon ex que je quittais la maison. Je lui laissais tout, carnet de chèques, voiture, meubles, et même mes diverses collections de disques et de revues qui me suivaient depuis pas mal de décennies. Après tout, vu le nombre de fois elle m'avait demandé "de foutre le camp une bonne fois pour toutes", elle-même ayant déjà quitté le domicile conjugal quinze mois auparavant, je pensais - naïvement - que cela serait mieux pour tous les deux.

L'histoire nous montrera que non, ma chérie sera privée de deux de ses trois petites-filles, et moi de mes deux petits-enfants (dont je ne suis d'ailleurs pas censé connaître l'existence) et aussi, surtout, de ma fille unique qui ne m'adressera plus la parole pour avoir osé avoir fait ce qu'elle, avait fait 8 ans auparavant.

Mais c'était le prix à payer, on ne regrette rien.

On s'installera à Toulon en 2013, à Sanary en 2014, et après un divorce difficile de quatre années (quand j'ai vu les monstruosités déversées sur mon compte en 2016/2017 j'ai été atterré - mon Parkinson partira d'ailleurs de là) on se mariera en 2018.

Quel rapport avec le début de ma note me direz-vous ?

Je me suis penché sur sa généalogie. Mère Corse, je suis à peine arrivé à 1860 de ce côté-là.
Mais père "continental" ! Né à Moutiers les Mauxfaits (Vendée).

Moutiers les Mauxfaits. Moutiers les Mauxfaits... Ce nom me disait quelque chose, mais quoi ?

C'est en remontant les générations que j'ai compris. Le berceau de sa famille paternelle est....

SAINT AVAUGOURD DES LANDES !

Beaucoup d'aîeux de mon épouse sont enterrés dans le petit cimetière.

A quelques mètres de la tombe de Brigitte, mon premier amour.

 

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La boucle est bouclée. Saint Avaugourd des Landes fait la liaison entre mon premier et dernier amour...


Je vous embrasse.

 


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