Des amis, de vrais amis, on n'en a pas beaucoup tout au long d'une vie. Ou alors ce ne sont pas des amis.
J'ai le souvenir d'un collègue de Biarritz, Jacques, qui en l'espace de 3 ans était arriver à correspondre parfaitement dans ma définition personnelle de l'amitié.
Jacques était hyperanxieux et avait l'air de tout prendre à la légère. Son anxiété se traduisait par deux paquets de clopes par jour.
Quand il avait un petit rhume, il refusait tout cachet d'aspirine ou d'autre médicament, me disant "que ça allait finir par passer", et m'avouant fièrement "qu'il n'avait jamais vu un médecin de sa vie..."
C'est ainsi qu'un jour de 2006, il se plaignait d'un mal de gorge.
"Ca passera, comme toujours " me répondit-il suivant se méthode habituelle...
Quelques mois plus tard, non seulement ça ne passait pas et il se décida quand même à aler voir un toubib. Qui, affolé devant ce qu'il avait vu, lui dit faire toutes sortes d"analyses, lesquelles ne tardèrent pas à émettre un diagnostic : cancer de la langue.
Il fut emporté par cette sale maladie en quelques mois....
Il avait 49 ans.
Là c'est une amie, qui m'est très chère.
Elle aussi elle fume. Deux paquets de clopes journaliers également.
Mais le problème, c'est qu'elle ne se couche jamais avant 2, voire 3 heures du matin, et se lève toujours à 7. Oui, quatre heures et demie de sommeil quotidien, et "sans ressentir la moindre fatigue"...
Quand je lui posai la question de confiance : "et ta santé elle en pense quoi de tout ça ?"
Elle éluda très vite la question. Je pensais aussitôt à un souci...
"je ne suis jamais allée voir un médecin, sauf lors de mes accouchements.."
Donc pas de bilan, pas de dépistage.
Elle est plus âgée que Jacques, 55 ans.
Et je ne peux m'empêcher de faire cet affreux parallèle...
D'accord, les derniers mois, pour l'un et pour l'autre ont été treès différents.
A l'occasion du départ d'un supérieur hiérarchique, ce fut un de ses collègues qui prit la place. Logiquement cela aurait dû être moi, mais je ne tenais pas à diriger une équipe que je ne connaissais pas trop.
Et ce collègue se révéla vite incapable, si bien qu'il "cogéra" le centre avec un autre collègue, qui le prit aussitôt comme tête de turc.
Jacques était coincé venant d'acheter une maison et sa femme venant - enfin - de retrouver sur place son boulot d'infirmière. Il se mit à déprimer grave devant ce harcèlement, que lui et moi subissions de concert. Sauf que moi, je n'avais pas construit, sauf que moi, le harcèlement j'avais connu (de 1994 à 2003) et que cette fois je ne me suis pas laissé faire. J'ai même réussi à envoyer le harcleur en chef en hôpital psychiatrique, lui ayant fait découvrir sa véritable personnalité. Miroir mon beau miroir....
Ce fut ma pomme qui fut le premier au courant des résultats de son analyse, qu'il m'avait lair de prendre avec une certaine désinvolture. "Et bien je crois que là je suis passé de l'autre côté" m'avait-il dit.., presque avec malice.
Une maladie ne se combat que si on est d'accord pour la combattre.
J'en sais quelque chose : d'aout dernier à décembre, malgré un médicament, elle montait régulièrement. Je prenais certes un comprimé, mais sincèrement, je voyais plus en cette nouvelle maladie qui m'était tombée dessus une issue honorable qu'autre chose.
Mais depuis le début de cette année, je vois la vie sous d'autres auspices et du coup, la tension repart à la baisse.
Pour être brutal, je pense que Jacques s'était (à je ne sais pas quel pourcentage) plus ou moins laissé mourir...
Quand j'avais été le voir une dernière fois à l'hosto, il m'avait dit ces mots "tu vois j'ai mal, très mal, mais au moins, ici je ne suis pas emmerdé..."
Quand à mon amie, elle aussi était - sans même s'en rendre compte, sans doute le pire des cas - dans une mauvaise passe. Je n'entrerai pas dans les détails - qui ne la regardent qu'à elle - mais disons que sa vie s'est subitement éclairée voici quelques mois.
Peut-être alors ira-t'elle un jour faire les bilans et les dépistages qui s'imposent avant que ce soit l'organisme lui-même qui décide pour elle ??? Qu'elle ne fasse pas comme Jacques...
Je vous embrasse.