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Channel: CICATRICE
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2006 : mon 17 février de folie...

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En septembre de l'année d'avant, un professeur de neurologie de Bordeaux (nous vivons alors à Biarritz) nous annonce que l'épilepsie de mon épouse est opérable. Car bien localisée. Pour en être sûr, il faudra faire une batterie d'examens. Qui auront lieu en décembre.

Les examens, qui consistent à lui faire un électro-encéphalogremme en continu en la privant de médicaments jusqu'à ce qu'elle fasse une crise, sont concluants.

Rendez-vous est donc pris pour la grosse opération (trépanation), elle devra entrer à l'hosto le 17 février en fin d'après-midi.
Entretemps elle aura beaucoup hésité, pesant les risques de se faire ouvrir la tête et aggraver encore plus le mal si ça rate, et les chances d'en finir une fois pour toutes avec cette sale maladie.

Mais l'avant-veille, je reçois un autre coup de fil, d'un autre hôpital diamétralement opposé : celui du Vigan, dans les Cévennes : mon père vient de mourir.

Je m'y attendais plus ou moins vu son âge (94 ans) quoique la dernière fois que je l'ai vu (30 décembre 2005) il me paraissait en forme. Mais quand même, le choc est rude.
Et je poste juste cette phrase sur mon blog de l'époque, sur la plateforme Psychologies.com : Mon père vient de mourir...

Là je prendrai la mesure de ce qu'est la solidarité sur ce site, que plus tard ses blogueurs appelleront "la Rue" : des dizaines de commentaires, notamment de personnes avec qui pourtant je n'étais pas dans les meilleurs termes.

Que dois-je faire ? Aller à son enterrement, privilégier mon épouse et l'accompagner à l'hôpital de Bordeaux, faire reporter l'intervention de mon épouse ? Sachant que le prochain "créneau" ne sera qu'en juin, et qu'elle risque fort de n'être plus motivée, voyant là un "signe" ?

J'élimine d'emblée la 3ème solution (pourtant c'est celle que j'aurais dû préférer...) et je choisis d'aller aux obsèques de mon père et en même temps être au chevet de mon épouse.

C'est à dire le même jour, le 17 février...

Ce sera donc par le train que je partirai le 16. Jusqu'à Montpellier où je coucherai chez une cousine, laquelle m'accompagnera au Vigan, situé à 65 km de là, pour assister à l'enterrement.

Là-bas, je serai énormément déçu : dans l'église qui m'a vu me marier 32 ans plus tôt, qui a vu les obsèques de ma mère 8 ans auparavant, presque jour pour jour, personne en dehors de ma cousine, mon cousin germain, son épouse et moi-même...

J'en voudrai longtemps à cette petite ville, qui aura vu aussi mon divorce. J'en ferai même une note assez dure... Je n'y suis pas retourné depuis, mais cette cicatrice-là s'étant refermée, ainsi qu'une autre cicatrice, bien plus profonde (qui a d'ailleurs valu mon pseudo et mon nom facebook) je compte y retourner d'ici l'été.

Bref, journée mémorable que celle où, le matin, j'enterre mon père et où le soir même, je dois être à Bordeaux au chevet de mon épouse à l'hôpital...

Ma cousine me remènera en voiture à Montpellier où j'aurai juste le temps de sauter dans un "Corail Grand Sud" qui me permettra d'arriver à Bordeaux 4 heures plus tard.

A l'hôtel où je rejoins ma fille, je fais même un (léger) malaise. Sans doute l'émotion, sans doute aussi le fait que je n'aie vraiment rien mangé de consistant depuis la veille midi. Aussi peut-être le trop grand écart pour moi, entre les deux hôpitaux ? L'un signifiant la fin et l'autre devant signifier l'espoir ?

Devant, car finalement, ils feront une grave erreur médicale sur mon épouse, lui occasionnant un hématome cérébral que le professeur devra opérer en urgence un dimanche matin...

Elle en ressortira infirme, ayant perdu le tiers de son champ visuel et 60% de ses mots.
Mais pas sa maladie, qui sera de plus renforcée...

Si elle avait vu un signe pour ne pas y aller avec le décès de mon père deux jours avant, je pense à présent qu'elle n'avait pas tort...

Je vous embrasse.


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