Le "hit de papa" de NOVEMBRE 1963

Leroy David a gagné ce "tiercé" inattendu, mais il connaît mes sources ;-) 
Inattendu car ( y compris bibi) pour le podium on aurait pu penser à Aznavour, à Bécaud, voire à Piaf. Distel en 3) c'est par contre assez logique. 
Mais Brel premier ! Surtout avec cette chanson qui à l'époque n'envahit pas les radios... 4ème en hebdo le 3 novembre, elle passe 2ème le 10,  puis en tête le 17. Elle retombe deuxième le 24 (derrière Sacha) et le reste la semaine suivante, derrière Bécaud cette fois.
Au final, 2.000 ventes séparent les vieux de elle était si jolie, déjà recordman avec 3 mois en tête, qui a donc manqué de très peu la passe de quatre. Distel est à 1.000 ventes de Barrière et sa 3ème place est logique.
Bécaud rate donc le podium, y sera-t'il le mois prochain ?  Quand aux chansons posthumes de Piaf, elles s'en sortent assez bien avec les places 5 et 7.
Aznavour n'est donc que 6ème. La Mamma a dérouté bien des gens - dont bibi - et a démarré assez lentement. C'est d'ailleurs pour ça que la bande à Mella, les spécialistes du copier-coller musical aura aussi du mal au démarrage. Aznavour finira par arriver en tête, mais... pas forcément en 1963 !
Déception pour Nana Mouskouri, qui cette fois n'aura pas beaucoup brillé.

4 entrées : 
- en 9) le générique de bonne nuit les petits qui ira loin. Très loin.
- en 11) le nouveau Barrière, qui aura un beau succès (peut-être un podium ?) mais rien à voir avec le disque précédant (et le suivant !!)
- en 12) John William grappillera quelques places.
- j'ai déjà évoqué la mamma des Compagnons, dont la carrière suivra  à distance celle d'Aznavour. Podium quand même !

Les 4 sorties sont :
-  de ville en ville, des Compagnons,  arrivé top 5 avec environ 50.000 ventes.
-  Dalida dont le pourtant joli quand revient l'été est un de ses premiers bides avec un top 7 et 35.000 ventes
-  les one hit wonders Jean-Pierre et Nathalie dont le hey Paula a dépassé les 60.000 ventes
-  la chanson-culte j'ai la mémoire qui flanche par Jeanne Moreau, qui n'a décroché qu'une 4ème place et 60.000 ventes.

Chez les yéyé (quand j'y pense, c'est la génération des octogénaires actuels...) ça bouge pas mal :
1) pour moi la vie va commencer (111.000)
2) le sifflet des copains (88k)
3) si j'avais un marteau (67k)
4) première surprise-partie (46k)
5) et je m'en vais (43k) 

Johnny, Sheila, Cloclo, Richard, on n'en sort pas... Saluons Michel Paje, qui, 6ème avec nous on est dans le vent a failli entrer dans le clan des 7 (Johnny, Sylvie, Richard, Françoise, Sheila, Frank, Pétula).  Et moi ??                                         

Moi en ce mois de novembre, les dimanches après-midi se partagèrent entre mon copain Jean-Pierre qui comme moi était un passionné de la Petite Ceinture (il me disait que certaines nuits il entendait un grondement sous son immeuble) et les longues balades à pied avec mon père. Ma préférée était de parcourir l'ancienne voie de chemin de fer entre Bures sur Yvette et Palaiseau. On en profitait pour discuter "d'homme à homme" comme il disait. A sa façon, car il était assez fermé, et levait les yeux au ciel (c'est le cas de le dire) lorsque je lui disais que je voulais être météorologiste !
Un de ces dimanches-là j’eus la chance de connaître quelque chose que plus personne ne pourra plus contempler désormais, et qui était une des plus grandes merveilles de notre patrimoine architectural. Je m’explique: j’avais lu dans “ Spirou ” un article sur Louis XIV, et tout ce qui fut réalisé sous son règne. Versailles et le reste. Si à l'époque Versailles n’était pas trop ma tasse de thé, en revanche  je m’intéressai vivement à la machine qui permettait d’alimenter les bassins Royaux en eau. Cette eau venait de la Seine et il lui fallait monter quelques cent mètres. Louis XIV avait donc fait construire à cet effet la fameuse "Machine de Marly" qui avec quantité de roues à aubes permettait ce prodige. Et cette merveille existait encore en 1963.... Mieux, elle fonctionnait toujours ! Donc je convainquis mon père d’aller en banlieue pour “ lui montrer une surprise ”. On se tapa trois ou quatre bornes à pied depuis la gare de Chatou pour enfin découvrir la fameuse machine.
Mon paternel - féru d'Histoire - n’en croyait pas ses yeux, et moi non plus. Elle avait trois cents ans et continuait d’alimenter les jets d’eau de Versailles ! Du coup il me remercia vivement, d’avoir grâce à moi avoir pu voir cette merveille pendant qu’il en était encore temps car elle était promise à la démolition. Et effectivement elle fut démolie quelques années plus tard. 
Pendant le chemin du retour, à un moment il prit un air grave et me dit, comme s'il se jetait à l'eau :
- il faut que tu arrêtes d'écrire à Marité.
Un temps, puis :
- de toutes façons elle ne te répondra pas.

Dès le lendemain je racontai ça à m mère, qui prit un air très gêné et finit par me dire que c'était à cause d'"histoires de grandes personnes...

First cut is the deepest,  je veux bien le croire.
Plus tard, bien plus tard, j'aurai - je pense - la clé de l"énigme.